Suivi de l’expé en cours à l’Orangerie de Belleville : légumes d’hiver sur l’eau

J’ai eu la grande chance de réunir le mardi 17 mai les personnes qui ont le plus œuvré à la réussite de ces 5 saisons de culture sur l’eau. Je les remercie tous :

  • IMG_9398IMG_9415Jacques-Olivier Bled et Odile Berrué de la DEVE (Direction des Espaces Verts et de l’Environnement, Agence d’Ecologie Urbaine de la Mairie de Paris)IMG_9413IMG_9429
  • William Texier et Noucetta Kehdi de GHE (General Hydroponics Europe)
  • IMG_9385Harmony Ribeiro, stagiaire en BTS de
    03-02-2016 Harmony et plantesl’Ecole du Breuil qui a
    mené une grande partie de l’entretien cette saison. Et Brigitte Caplain son professeur
  • Joseph, l’homme d’entretien de la Maison de l’Air qui veillait sur les installations à chacun de ses passages.

Il manquait:

  • Sabine Romon de Paris RegionLab, maintenant Lab&Co, à l’origine avec la Mairie de Paris, de l’appel à projet « Vegetalisations Innovantes »
  • Les partenaires du tout début : Cita Farmers, Tetra, La Ferme Aquatique, Hach
  • Les Sourciers qui avaient amené du Gers leurs jeunes semis

IMG_9418Ce jour-là nous avons récolté 20 kg de blettes. 

Les blettes blanches pesaient chacune au moins 2 kg. Voire 2.5 kg pour la plus grosse de toutes!

La moutarde mascotte pesait 2.4 kg.

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Les capucines : une jaune et une rouge, qui se plaisent à merveille. A droite de la photo vous voyez l’oseille, dont les feuilles ont pris la forme caractéristique.

C’est la variété « oseille de Belleville »! Si, Si

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Ce n’est pas la meilleure photo, mais je voulais à nouveau illustrer l’importance de l’oxygenation de l’eau, car les plantes respirent. Le système AeroFlo de GHE est pour cela bien pensé avec les gicleurs qui forment un voile avec une grande surface d’échange air/eau pour l’oxygenation.

Racine capucine 15-04-2016

Les semis repiqués en disque de mousse fonctionnent bien. Pour preuve la racine de capucine. ces disques de mousse permettent de s’affranchir – en tous cas pour les petites plantes – des billes d’argile

Siliques 25-04-2016Un reportage sur la moutarde. Les 2 petits cotyledons amenés par Marion et Nicolas des Sourciers en octobre ont atteint notre taille, puis nous a dépassées. Puis elle a fleuri et commencé à former des siliques. Les feuilles ont transféré  leur gout de moutarde aux petites graines en formation.

Taille moutarde 15-04-2016 Fichier 24-04-2016 16 38 41

Potager sur l’eau de l’Orangerie de Belleville par un matin ensoleillé. Aquaprimeur, avril 2016

Les graines de moutardes 03-04-2016Début avril, à ParisCapucine et ses voisines 03-04-2016
la météo se met en mode
« giboulées de mars ».
Et nos plantations poussent à une vitesse redoublée: les moutardes montent en graine, et la capucine repiquée mi-mars est splendide déjà.

compar terre eau 09-04-2016 13 14 01

Dès le début, le retard de croissance des plants repiqué en terre était flagrant. Il l’est toujours. La différence est telle maintenant que
je n’arrive pas à prendre une photo vraiment représentative. Toujours est-il que les blettes en eau sont 4 fois plus volumineuses que celles en terre.

C’est définitivement l’une des conclusions majeures de « Vegetalisations Innovantes » : foncier urbain et techniques sur l’eau (hydroponie, aquaponie, bioponie) vont définitivement bien ensemble. 

Mi-mars, les moutardes deviennent énormes, elles prennent trop de place. Je fais quelques semis à la maison pour renouveler : ciboulette, oseille de Belleville (si, si!), capucines. La rapidité de croissance des capucines m’épate année après année.

Nous décidons de nous affranchir des billes d’argile et testons les disques de mousse, seuls ou avec billes d’argile.

Fichier 09-04-2016 13 21 562016-03-11 Agnes repiquage2016-03-11 capucine disques repiquage

Voilà notre moutarde-mascotte. Elle fait 1 mètre de diamètre ! Le cœur vert tendre et les grandes feuilles brun de sienne voire rouge bordeaux. Les toutes jeunes pousses sont fortes en moutarde, à vous faire éternuer. Remède naturel et magique pour déboucher les nez encombrés des miasmes de l’hiver.

2016-03-11 moutarde mascotte

En cette fin février, les insectes débarquent à l’Orangerie de Belleville : coccinelle et gendarme.

2016-03-11 coccinelle03-03-2016 gendarme

Blettes rouges, jaunes et blanches, mais dans le rouge il y a différentes teintes : vermillon et bordeaux.

Blette blanche adulte 21-01-2016Blettes multicolores à BellevilleBlette jaune adulte 21-01-2016

Qui a dit : « sous les pavés nait …  »
En tous cas derrière les pavés du Parc de Belleville,
dans l’Orangerie qui aurait pu abriter des orangers et des bananiers
si le Parc n’avait finalement été planté de tilleuls, …20160112 agri derriere les pavés

Bref, derrière les pavés poussent des légumes ! 

C’est magique la vivacité de la nature. A peine une semaine que nous avons coupé, et déjà les blettes redémarrent. Les moutardes aussi, mais – leur feuillage aéré en est sans doute responsable – c’est moins visible.

Fichier 13-01-2016 16 30 13IMG_2064

Les fêtes de fin d’année sont l’occasion de récolter et goûter nos productions : les jeunes pousses de blette sont excellentes en salade, avec juste un filet de vinaigre blanc, un peu d’huile d’olive, et du gros sel de mer croquant. Pour les pousses plus grandes ainsi que pour le chou choi : du beurre dans la poêle, d’abord les tiges, puis au dernier moment un peu de vert => un régal

IMG_2075 recolte blettes 03-01-2016 Fichier 16-01-2016 18 51 08Fichier 17-01-2016 12 28 26

IMG_2083IMG_2088Les productions sont maintenant prêtes à être récoltées. Malgré la lumière variable de l’hiver, les plants se sont bien développés.

les choux 06-01-2016Blette rouge adulte 21-01-2016Blette blanche adulte 21-01-2016

Une petite vue sur les racines, qui se sont vraiment bien développées depuis les premières photos. A gauche c’est la moutarde, puis les blettes avec toujours la couleur correspondant aux tiges.

Racine moutarde 11-12-2015Racine blette jaune 11-12-2015Racine blette rouge 11-12-2015

Vue d'ensemble 10-12-2015 jpeg

A 2 mois,
la différence entre terre et eau est flagrante :

les plants repiqués en terre restent « jeunes »

alors que ceux en gouttières sont déjà bien formés.

6 semaines déjà, les petits sont devenus de jeunes pousses, bien tentantes. Mais je les laisse pousser pour faire joli.  S’étaient cachés dans les plants à repiquer des choi ! Ce sont eux qui poussent le plus vite finalement,

20151201 blettes20151127 moutarde

Vue d'ensemble 10-12-2015

A presque un mois, les 120 plants se portent bien. Déjà se remarquent des différences individuelles : certains individus, pourtant cultivés dans les mêmes conditions, se développent mieux que d’autres. En terre, le développement a pris du retard sur l’hydro. Et la biodiversité fait son apparition : la première coccinelle a été observée ce matin.

coccinelle asiatique à Belleville

coccinelle asiatique à Belleville

en terre le développement a pris du retard sur l'hydro

en terre le développement a pris du retard sur l’hydro

panoramique à 25 jours de repiquage à Belleville

panoramique à 25 jours de repiquage à Belleville

Même pas 2 semaines après, la deuxième couronne de feuilles est sortie. Les racines des blettes multicolores se distinguent : rouge ou jaune. C’est la beauté de l’hydroponie : on voit aussi les racines. C’est beau de les voir se développer, et c’est utile également car un excellent moyen de « prendre la température » des plants.

les blettes sont multicolores ; cela se voit même sur les racines à Belleville

les blettes sont multicolores ; cela se voit même sur les racines à Belleville

parmi la moutarde et les blettes s'est glissé un intrus. On le garde !

parmi la moutarde et les blettes s’est glissé un intrus. On le garde !

Cette saison automnale démarre par une météo splendide le 13 octobre avec les Sourciers, Marion et Nicolas, venus du Gers avec leurs bébés blettes et moutardes. nous repiquons 120 plants dans les Aeroflo 60 de GHE. Nous repiquons aussi 6 plants en terre, pour comparer les croissances.

Marion&Nicolas repiquent leurs semis le 13 octobre à l'Orangerie de Belleville

Marion&Nicolas repiquent leurs semis le 13 octobre à l’Orangerie de Belleville

moutarde le jour de son repiquage à Belleville

moutarde le jour de son repiquage à Belleville

blette le jour de son repiquage à Belleville

blette le jour de son repiquage à Belleville

Potager sur l’eau en plein Paris

Cela se passe à la Maison de l’Air à Belleville.

 En 2013, La Mairie de Paris et Paris Region Lab ont lancé un appel à projets : Végétalisations Innovantes. AQUAPRIMEUR y a répondu avec la start-up toulousaine Cita-Farmer. Notre projet a plu, et depuis début mai 2014, nous sommes installés à la Maison de l’Air, en haut du Parc de Belleville à Paris 20ème.

les 3 systèmes en parallèle : hydroponie classique au premier plan, bioponie avec engrais certifié bio au milieu, et aquaponie au fond

Nous avons installé 3 systèmes identiques hors-sol. Dans chacun, 60 légumes et aromatiques plongent leurs racines directement dans l’eau. Il n’y a pas de terre. Chaque système est « engraissé » différemment :

– au premier plan c’est le système hydroponique classique, avec de l’eau et de l’engrais chimique
– au milieu c’est le système bioponique, avec de l’eau et de l’engrais certifié bio
– au fond c’est le système aquaponique, avec de l’eau et des poissons

Les plantations ont été faites le 1er mai, et se développent rapidement. Nous remercions les partenaires qui nous ont aidés.

 

Agnès JOLY membre du comité de pilotage du réseau européen d’aquaponie

Agnès JOLY a été nommée membre du comité de pilotage du réseau européen d’aquaponie, ou « EU Aquaponics Hub« .

Ce réseau de 15 pays est soutenu par la Commission Européenne sous le système COST (Cooperation Européenne en Science et Technologie). COST facilite la mobilité et la communication entre les personnes travaillant sur un même sujet en Europe et veut éviter la fragmentation des recherches au niveau national.

L’objectif du réseau d’aquaponie est de réaliser une production intégrée et durable de poissons et légumes pour l’Europe. Dans 3 directions : aquaponie urbaine, aquaponie dans les pays en developpement, aquaponie industrielle.

La première réunion de ce comité est prévue mi avril à Bruxelles. Nous vous tiendrons informés.

Presse et Videos

Parus dans la presse

Videos

Les bénéfices de l’aquaponie sont multiples

  • productivité : les rendements sont nettement supérieurs à ceux de la culture en plein champ et de la pisciculture en dérivation de rivière ;
  • économie : l’aquaponie consomme 20 fois moins d’eau qu’une culture traditionnelle, le seul intrant est la nourriture des poissons. Pas de pesticides, pas d’engrais ;
  • environnement : pas de pollution car circuit fermé. Réduction des émissions CO2 par distribution en circuits courts. La production sous serre est transparente dans tous les sens du terme ;
  • urbanisme : la ferme s’insère parfaitement en milieu urbain ;
  • enseignement : système simple et complet, l’aquaponie est un merveilleux outil pédagogique
  • vie sociale : elle crée une animation dans le quartier et réintègre l’agriculture dans les villes.

L’aquaponie reproduit le cycle de l’azote, fondement de la nature

L’aquaponie consiste à reproduire hors-sol le cycle vertueux de l’azote.

L’eau est le support exclusif et partagé des deux productions. Elle est alternativement enrichie en minéraux (par les poissons) et purifiée (par les plantes). Il n’y a donc pas de rejet dans l’environnement.

Les infrastructures sont mises en commun, et le seul intrant est l’aliment des poissons, choisis de préférence végétariens.

L’intérêt de ce système est de produire poissons et produits végétaux en continu toute l’année avec un apport extérieur minimum.

 

Développer l’aquaponie en France

L’aquaponie est totalement novatrice à l’échelle commerciale en France mais est déjà employée dans plusieurs pays.

Quelques unités commerciales sont opérationnelles aux Etats-Unis, Canada, et Australie. Nous en avons visité quelques-unes en 2010 et 2011. En Europe des initiatives relayées par des universités et centres de recherche commencent à voir le jour. 

Des données scientifiques et techniques sont disponibles sur les systèmes aquaponiques en milieu tropical. En revanche peu de données sont publiées pour les systèmes en climat continental. C’est pourquoi AQUAPRIMEUR oeuvre à démarrer une expérimentation dans la moitié Nord de la France.

En France l’aquaponie est à l’état expérimental. Le lycée Le Robert en Martinique conduit une expérimentation depuis 2008, ainsi que l’ARDA (Association Réunionnaise de Développement de l’Aquaculture) à la Réunion. En métropole, le lycée piscicole de la Canourgue (Corrèze) conduit une expérimentation depuis quelques années, et vient de recevoir un financement national important. Quelques structures associatives expérimentent la technique à l’échelle domestique ou pédagogique. Quelques jeunes agriculteurs ou entrepreneurs  réfléchissent à un démarrage d’activité.